Tuesday, October 13, 2009

Cingshin 1991

Café, fumée de feu de camp, senteurs d'épices rôtissant sur le feu: ainsi se fait le résumé du Cingshin 1991, un thé qui compte parmi mes préférés.

Comme d'habitude, j'exécute l'infusion avec un ensemble gong fu cha. Le thé s’agit d’un wulong roulé cuit. (Bizarrement, je ne l’ai pas pu trouver sur la boutique en ligne; puisque j’ai oublié de noter les infos sur la carte des thés, c’est tout ce que j’en ai à vous dire.) La petite théière est blanche, ce qui sort un peu de l’ordinaire. Ce choix a bien donné un effet, car les feuilles sont noires. Elles reluisent pratiquement de noirceur. Elles seraient belles ne soit-ce que pour le drame. Heureusement, elles sont attrayantes en forme aussi : serrées en jolies boules, avec quelques brindilles plus dorées ici et là. Plus tard, quand les feuilles se sont déroulées, elles se sont montrées immenses et entières. À date, c’était très bien, les feuilles.

Par contre, il faudra que je décrive leur parfum pour justifier cet énoncé : les feuilles sont l’aspect le plus épatant de ce thé. Ce n’est pas une odeur qui se hume délicatement en petits coups. C’est une de celles qui n’attend pas, mais qui frappe le nez, le dépasse, atteint vite la bouche et remplit tout de suite les poumons. J’ai cité auparavant quelles étaient ces odeurs, mais je les redirai : fumée, tabac, épices, café. À la suite de quelques infusions, le petit pot évoquait presque le brûlé, tellement que ces feuilles n’abandonnent pas. Le cuit est présent, ainsi qu’une petite amertume de rien du tout. Je n’avais pas peur qu’elle se développe en quelque espèce de café instantané.

La soupe? À la première infusion, brun-orange, mais c’était le résultat d’une erreur de ma part. Lors des prochains essais, je l’ai plus « poussée ». (Je me croyais en danger de me retrouver avec quelque chose d’imbuvable.) La « vraie » couleur est un beau rouge-brun foncé.

Les toutes premières impressions de la tasse d’odeurs n’avaient pas grand-chose à dire. Vaguement céréalières, les notes hautes présentent seules de lointaines indices de café et d’épices. Cependant, il n’y avait qu’à attendre. Les arômes de toast deviennent riches, rondes, basses, si bien qu’on se croirait déjà en train de boire.

Pourtant, quand je le bois réellement, c’est un peu décevant. Les fragrances m’avaient trop raconté à propos du spectacle à venir. Non, mais, il faut simplement pousser ce thé pour obtenir un breuvage honnête. À ce moment-là, eh bien, c’est soyeux, c’est énergétique, c’est des rôties et du café pour déjeuneur dans une bouchée—ces saveurs laissant derrière elles des subtilités épicés délicieusement entremêlées au cuir.

Flexible, ce thé! Il supporte bien les temps d’infusions longs. J’ai développé une phobie de trop laisser tremper les thés; tant d’eux se transforment en monstres.

Le qi, bien qu’il ne soit pas l’attrait qui attirera la foule, me réveille mais me relaxe.

En conclusion, il me faut une quantité de ce thé. Je l’ai siroté chez Camellia Sinensis, où j’ai mangé un scone poire-gingembre si fin qu’il faudra peut-être que je parfume mes propres scones de même. (Il a très mal allé avec le thé, mais c’est la vie.) Ce fut un vrai plaisir de rencontrer ce thé qui offre tant sans menaces. Ça me réchauffe déjà de pense à en boire pendant les longues soirées hivernales qui s’en viennent.

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